LA FIANCEE REBELLE
Elle est jolie, simplement, comme on réussit aux examens, parce qu'elle a travaillé.
Assise dans la chambre qu'elle soupçonne, sans doute avec raison, d'être la mieux disposée, comme est son cœur, pour attendre, elle attend. Chambre disciplinée, soumise, ou elle fut heureuse avant d'être seule, où le mot espoir - cet essuie-glace - ne jure avec aucun souvenir, avec aucun ornement, et se contente de petits faits. Elle voudrait, ne fût-ce qu'un instant, pour elle seule, avoir ces chevilles, ces genoux, ce teint, cette impudeur innocente, cette violence dans la fragilité qu'elle voit aux filles de l'emphase, du trouble, de l'assurance. Car, si elle est envieuse, c'est pour plaire, comme d'autres risquent de plaire. Mais, finalement, elle préfère la gravité, les joies du serment, et se recroqueville, installe son âme. Par intervalles, à la faveur d'un bruit, elle constate que l'attente et l'amour la rendent humble, craintive, et ne démêle point si ce qu'elle éprouve relève du déplaisir ou du contentement.
 
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