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Charlie Chaplin,
dans Les Nouvelles Littéraires, le 4 décembre 1926,
interviewé par Maurice Martin du Gard,
à propos d'André Beucler et de son roman
Gueule d'amour
dont il imagine déjà le scénario

« (...) Je couperais volontiers ce livre en deux. La première partie est une création, abondante et heureuse, de l'atmosphère ; les vacances à l'automne, ces promenades taciturnes dans ce village et cette sous-préfecture silencieuse et un peu hostile, préparent l'âme du lecteur, ils la rendent plus fine, plus pitoyable, plus tendre ; et quand Gueule d'Amour entrera en scène, on ne pourra pas rire de l'excès de ces farces, on sentira mystérieusement que ce héros est humain et qu'il souffrira comme les autres, à un moment donné, et qu'il a même déjà souffert.

Le film, proprement dit, commence avec la seconde partie... les extravagances de cet auxiliaire pourtant timide, qui fait en 1919 évader les prisonniers dont il a la garde, et fait commerce, innocemment, des fournitures de l'armée, couvert par la sympathie dont ses chefs ne peuvent se défendre à son endroit, son extrême beauté, ses conquêtes et le peu de prix qu'il y attache, son faux mariage, et puis son départ de la ville dans le frémissement que donne aux badauds sa propre victoire sur le monde, tout ce pittoresque m'a beaucoup séduit. André Beucler a dégagé peu à peu de son personnage, qui a l'air de jouer avec lui-même comme avec tous ceux que le hasard a placés autour de lui, toute sa réalité souffrante. Gueule d'amour, qui a été aimé beaucoup plus qu'il ne l'a voulu, aime et désire à son tour.

Ce qui est très remarquable dans ce livre, c'est le portrait de la femme qui est devenue, pour Gueule d'Amour, la femme fatale ; il est peint par trois personnages qui ignorent chacun qu'ils poursuivent le même objet et qui ajoutent chacun de leur côté ainsi des nuances, à peine contradictoires, au tableau que le lecteur découvrira tout entier à la fin. (...)

Cette Madeleine qui s'est si souvent donnée aux indifférents ne se satisfait plus, comme il arrive, que dans le refus de sa personne qu'elle oppose à ceux qui l'aiment réellement. C'est un mur de pelote basque qui vous renvoie avec un claquement féroce le désir et le sentiment le plus tendre qui lui sont destinés. Elle n'a que ce qu'elle mérite. La scène invisible de l'assassinat, le calme départ de Gueule d'Amour, à la gare du Nord, ce sont de très belles pages ; évidemment, je n'y suis pour rien. Mais je compatis avec tendresse à l'infortune de Gueule d'Amour que, pour ma part, je ne me résoudrai jamais à voir arrêter par les gendarmes. (...)


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